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AFFAIRE ALkALY CISSÉ : LES PÉRIPÉTIES D’UN LOURD DOSSIER

Relaxé à Dakar, arrêté au Maroc puis condamné en Arabie Saoudite

A la suite d’un différend avec un homme d’affaires saoudien, Alcaly Cissé, jugé une première fois au Sénégal, est relaxé par la Cour d’Appel de Dakar. Mais, il sera arrêté en 2011 au Maroc et extradé en Arabie Saoudite où il a été condamné pour des faits nouveaux, suite à une nouvelle plainte du même homme d’affaires. En effet, initialement poursuivi pour le délit d’escroquerie, il est jugé, après son extradition, pour « des faits de maraboutage et de charlatanisme qui sont contraires, selon le juge saoudien, aux principes de l’islam et réprimés dans le droit saoudien ».

Sauver de la décapitation

Détenu alors depuis 2012, le Sénégalais est condamné par la justice saoudienne à une peine de 6 ans d’emprisonnement ferme, échappant ainsi à la décapitation. Ses avocats dont Me Assane Dioma Ndiaye, par ailleurs président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH), exultent. Non sans préciser que l’ancien député libéral condamné doit payer, en outre, au plaignant plus de 1,5 milliard F CFA de dommages et intérêts.

« S’il ne paie pas la totalité de la somme due, il ne rentrera pas au Sénégal », précisait, en mars 2018, Me Assane Dioma Ndiaye, sollicitant l’assistance de l’Etat du Sénégal contre cette sorte de contrainte par corps. D’autant plus que motivait Me Abdoulaye Tine, du pool d’avocats d’Alcaly Cissé, leur client « est très malade, il souffre d’un cancer de la prostate à un stade très avancé et, il ne parvient pas à faire correctement ses visites médicales. Sa situation n’est pas compatible avec la détention ».

« S’il ne paie pas la totalité de la somme due, il ne rentrera pas au Sénégal »

Puis, pestait la défense, contestant la démarche de la justice saoudienne du fait qu’il a été jugé pour « des faits nouveaux qui n’avaient pas été invoqués au moment de l’extradition ». Ce qui est perçu par ces conseils comme « une violation du droit international ».

Forts de ce fait, Mes Tine et Ndiaye annonçaient qu’ils allaient interjeter appel de la condamnation pénale et de l’amende civile, avec la saisie du groupe de travail de l’Organisation des Nations unies sur la détention arbitraire. Faisant la comparaison avec les dossiers Lamine Diack et Mbayang Diop, face à la presse, les avocats d’Alcaly Cissé pointaient ce qu’ils qualifiaient à l’époque « d’absence d’exercice des prérogatives de l’Etat sénégalais. C’est une pathologie de notre gouvernance. Aujourd’hui (ndlr : ils faisaient face à la presse le 3 mars 2018), avec l’affaire Alcaly Cissé, vous avez une décision des autorités sénégalaises, mais l’Arabie Saoudite et le Maroc ont foulé aux pieds cette décision. Cela est symptomatique de la faiblesse de notre diplomatie et de notre autorité au niveau international. On ne peut pas juger une affaire deux fois. »

Bien qu’ayant purgé sa peine, Alcaly Cissé ne pouvait pas être libéré en l’absence de paiement de l’amende fixée par le juge saoudien. Il est décédé ce matin, dimanche 29 septembre 2019, des suites d’une longue maladie. Le rapatriement de sa dépouille s’organise.

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