FORAGE RUFISQUE OFFSHORE PROFOND : CHOU BLANC TOTAL POUR… TOTAL
Jean qui rit et Jean qui pleure. Au moment où la compagnie américaine
Kosmos jubile après une nouvelle découverte de gaz au large de nos
côtes, sa consoeur française Total fait grise mise. Pour ne pas dire
qu’elle pleure ! En effet, nous venons d’apprendre que le forage qu’elle
a réalisé dans son bloc Rufisque offshore profond, n’a rien donné.
Autrement dit, la major pétrolière française dirigée par M. Patrick
Pouyanné a fait chou blanc !
Après des mois d’efforts, le résultat
est à crever le cœur : un puits sec. En clair, pas une seule goutte de
pétrole n’a été découverte dans ce bloc anciennement détenu par la
société Africa Petroleum de Frank Timis, récupéré par les autorités et
attribué à Total. Une attribution qui avait d’ailleurs entraîné le
limogeage ou la démission de l’ancien ministre de l’Energie, M. Thierno
Alassane Sall. Aussitôt après avoir acquis le bloc, Total s’était mis à
l’œuvre et avait entrepris de forer. L’espoir étant d’autant plus permis
que, dans le bloc voisin, Rufisque offshore (attention, pas profond) la
compagnie britannique Cairn avait découvert du pétrole. Commencé au
début de cette année, en février nous dit-on, le forage s’était achevé
en juin. Après quoi, avait suivi une phase d’interprétation des clichés
et autres images 3D. A l’issue du processus, force a été de se rendre à
l’évidence : le bloc Rufisque ultra- deep était sec et ne contenait pas
la moindre goutte d’or noir. La multinationale française Total aurait
dépensé 150 millions de dollars (75 milliards de francs) dans
l’opération. En pure perte. Il est vrai qu’une telle somme représente
des cacahuètes pour une major pétrolière comme Total. Laquelle, en guise
de pourboire, a égale- ment contribué au financement de l’Institut
national du pétrole de Diamniadio à hauteur de 12 milliards 500 millions
de nos francs.
Cet échec de l’une des plus puissantes compagnies
pétrolières mondiales confirme que le Sénégal est avant tout une
puissance gazière en devenir mais ne pourra en aucun cas prétendre
constituer un acteur majeur de la production pétrolière mondiale. Car si
avec Kosmos, la britannique BP et la compagnie nationale d’Abou Dhabi,
notre pays et la Mauritanie, à travers le gisement Grand Tortue Aymehim,
peuvent aspirer à jouer dans le cour des grands fournisseurs de gaz,
pour le pétrole, en revanche, les découvertes faites au Sénégal sont
plus que modestes.
Bien entendu, c’est mieux que rien. Il reste
toutefois que l’attractivité de notre pays pour les grands acteurs
pétroliers mondiaux prend un sacré coup avec cette déception de Total
qui se consolera en sachant qu’elle a partagé les risques avec la
compagnie nationale Petronas qui s’est associée à elle à hauteur de 30 %
dans cette opération à risques qui s’est révélée finalement
infructueuse. La leçon qu’on peut en tirer, c’est qu’il faut avoir les
reins solides pour se lancer dans l’exploration pétrolière et le Sénégal
a eu la chance de pouvoir attirer un acteur majeur comme Total…
Le Temoin