Interdiction plastique au Sénégal: le ministre Abdou Karim Sall compte appliquer la loi dans toute sa rigueur
Plus de produits plastiques dans les boutiques ou autres. Après l’échec de son prédécesseur à appliquer la loi sur l’interdiction des sachets plastiques dans le pays, le ministre Abdou Karim Sall compte réussir sa politique destinée à protéger l’environnement. Mardi, lors d’un déjeuner de presse, il est revenu sur les méfaits des produits plastiques tout en prévenant que la loi sera appliquée dans toute sa vigueur.
La loi relative à la prévention et la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques est comparable à celle sur la mendicité. Le point commun entre ces deux lois, c’est que leur application n’a jamais été effective. Le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, pour sa part, compte relever le défi de la mise en œuvre de la loi portant interdiction des sachets plastiques d’une certaine épaisseur. Mardi, devant les journalistes invités à un déjeuner, M. Sall a soutenu que des sanctions proportionnées (qui peuvent être pécuniaires, d’abord, et aller jusqu’à l’emprisonnement) seront appliquées aux récalcitrants.
Selon le ministre, la croissance non contrôlée de la pollution plastique a poussé le Sénégal à adopter la loi n°2015-09 du 04 mai 2015 relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques. « La loi est faite pour être appliquée. Cette loi sera appliquée dans toute sa vigueur. Nous n’allons laisser aucun marché, aucun grossiste en rade. Nous ferons des décentes, des saisies et il y aura des amendes », a-t-il promis sur fond de mise en garde.
Il faut dire que la première tentative
d’application de la loi votée en 2015 a été un échec. Une loi qui n’a
été effective que dès les premiers mois avant que les produits
plastiques refassent surface dans les boutiques, les supermarchés, les
cantines et étals de marchés etc. Comme un pied-de-nez à la loi, les
importations de sachets plastiques ont même augmenté depuis lors de 20
%, alors que la production, pour sa part, connaissait une croissance de 7
%.
Selon M. Abdou Karim Sall, donc, force est de constater que la
situation n’a guère changé depuis l’entrée en vigueur de la loi
précitée. A cet effet, il promet que toutes les dispositions nécessaires
ont été prises pour que, cette fois-ci, la loi soit appliquée dans la
durée. « Nous ne voulons pas des actions d’éclat, mais des actions dans
la durée. Nous allons travailler en collaboration avec les forces de
défense et de sécurité, les services du ministère du Commerce et des
volontaires », a-t-il fait savoir.
Toutefois, le ministre a précisé que l’interdiction ne vise pas les sacs plastiques destinés et utilisés dans les points de vente pour emballer des denrées alimentaires afin de les protéger, de permettre leur manutention ou leur acheminement du producteur ou du vendeur au consommateur, et d’assurer leur présentation. Les sacs plastiques visés, souligne-t-il, doivent être de couleur transparente et fabriqués à partir de matières plastiques recyclables. Leur importation est soumise à autorisation préalable du ministre chargé de l’Environnement.
Abdou Karim Sall a listé les peines
encourues par les personnes morales important ou utilisant les sachets
plastiques. Elles vont de l’amende dont le taux maximum est égal au
quintuple de celui prévu pour les personnes physiques par la disposition
qui réprime l’infraction à la fermeture définitive ou pour une durée de
cinq ans au plus d’un ou de plusieurs des établissements de
l’entreprise ayant servi à commettre les faits incriminés.
La
sanction peut aussi revêtir la forme d’une confiscation de la chose qui a
servi ou était destinée à commettre l’infraction ou de la chose qui en
est le produit ; l’affichage de la décision prononcée ou de la diffusion
de celle-ci, soit par la presse écrite, soit par tout moyen de
communication au public par voie électronique. « Je ne sais pas comment
ils vont faire avec leurs sachets plastiques, mais d’ici le délai de
trois mois, nous ne tolérerons plus ces produits. La loi sera appliquée
», a menacé fermement, en conclusion, le ministre de l’environnement, M.
Abdou Karim Sall. Les acteurs ont jusqu’au 20 avril pour se débarrasser
de leurs produits plastiques. A bon entendeur…
Le Témoin