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L’enseignement au Sénégal : ou l’émergence du colonialisme ? Par Ahmadou Diop

Amphitheatre ucad universite cheikh anta diopPour commencer, enseigner une langue étrangère comme langue officielle, c’est aussi assimiler par réflexe, d’autres cultures venues d’ailleurs. Cela finit par naître dans nos substrats une aliénation culturelle très difficile à corriger.

Il est incontestablement établi que tous les pays qui se sont développés, économiquement, politiquement, culturellement et militairement, ont utilisé tous, exclusivement leurs propres langues comme supports linguistiques, médiatiques. La performance serait de moindre qualité s’ils avaient emprunté d’autres expressions étrangères.

A ce prisme, le wolof, unificateur, est la langue la plus parlée au Sénégal, pourrait servir de support officiel.
Or depuis 60 à nos jours, rien n’a absolument changé, car l’enseignement perd peu à peu sa substance. Le français est par définition, la langue officielle du Sénégal domine tout. S’il y’a une part de responsabilité des enseignants, celles des politiques sont beaucoup plus graves.

C’est un problème politique qui est lié à la constitution étrange du Sénégal, laquelle est articulée à la francophonie. C’est un choix délibérément politique et pour cause. En conséquence si la qualité de l’enseignement baisse à un rythme effréné, c’est qu’il est totalement inapproprié par rapport à nos réalités historiques.

La culture et la langue de l’extérieur priment sur tout. Nous empruntons un paradigme de l’extérieur comme le seul qui vaille en lieu et place du wolof C’est l’extérieur qui régente la démocratie et fait sa propre loi. Le français est le logiciel d’asservissement, automatiquement officiel, culturel politique et d’enseignement de service public.

Autrement dit, cela résulte de plusieurs facteurs. En dehors des moyens financiers peu suffisants, les causes totalement inadaptées sont d’ordre pédagogique, linguistique, psychologique.

En vérité, le rôle primordial régalien d’un état civilisé, souverain, indépendant libre et politiquement, c’est d’assurer l’enseignement, c’est à dire l’éducation, l’instruction et la sécurité à ses citoyens, pour le professionnaliser davantage, en y mettant le prix à l’instar des autres nations émergentes. Le but ultime, c’est de donner à chacun sa chance pour résorber le chômage chronique qui n’a que trop duré.

Ainsi, les étudiants et les élèves bien formés à bonne école, seront, demain, des sentinelles. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Les hommes qui se sont succédé manquent de courage politique pour faire adopter des programmes cohérents, adaptés à nos modes de pensée. Nous empruntons d’autres langues étrangères, présumées exclusivement universelles.

La baisse du niveau des élèves résulte incontestablement de l’inconscience de nos prétendues élites, qui se défaussent servilement de leurs responsabilités, préfèrent porter, hélas, la corde autour de leurs cous, plutôt que de servir et faire avancer leurs peuples sur des bases voulues.

C’est une illusion monumentale que de croire pouvoir créer les conditions obligatoires, visibles d’un Sénégal émergent, en dehors de l’intégration complète et la prise en compte de nos langues nationales, qui sont aussi valables que n’importe quelles autres expressions enseignées dans le monde.

Pas d’avenir, encore moins de sécurité, tant que l’on continue de reléguer au second plan, nos valeurs ancestrales, en les déportant massivement et les remplacer par d’autres venues d’ailleurs, c’est dire ce prêt-à-porter culturel, comme si les nôtres sont antinomiques à la science. C’est une simple vue de l’esprit qui résulte incontestablement d’une indignité déconcertante et d’un manque de vision de la part de nos prétendues élites, traitresses, fondamentalement formatées à l’école du fascisme ambiant, lesquelles mènent une politique aux antipodes à notes modes de pensées. On ne peut construire de solide sans l’apport de notre propre passé.

En vérité, les langues étrangères, extra sénégalaises, constituent un moyen de promotion politique, d’asservissement, culturel, de brigandage, d’embrigadement et d’aliénation politique.

Point de survie, ni d’avenir d’un peuple qui oublie ses idiomes caractéristiques. Aucun peuple ne peut s’épanouir réellement sans l’intégration de ses propres valeurs culturelles, linguistiques, spécifiques.

Il est donc impératif et essentiel d’incorporer dans les programmes scolaires, le wolof, ce support médiatique linguistique, qu’est cet outil indispensable, est très adapté à notre propre patrimoine national, intrinsèque, spécifique à nos valeurs traditionnelles, historiques, totalement toutes conformes à notre civilisation.

Aussi longtemps que nous nous évertuons à emprunter d’autres langues importées, on ne sait à quelle fin, il n’y aura point de salut, ni de survie pour rester nous-mêmes pour être en parfaite symbiose avec notre environnement particulier. Depuis la pénétration coloniale à nos jours, l’aliénation culturelle, étiole non seulement notre âme à petit feu, mais à la longue, cela finira par faire disparaître ce que nous avons de commun.

Comme l’écrivit, jadis, le savant, égyptologue, historien, scientifique, linguistique, c’est l’Afrique qui a bien apporté à l’Europe tous les éléments de sa civilisation. Tous les savants grecs à savoir les plus importants, tels Thalès, Pythagore, Archimède, Solon, Eratosthène, sont allés puiser leur savoir à Alexandrie, qui était le centre intellectuel du monde, affirme Cheikh Anta Diop, le colosse, le plus considérable de toute l’Afrique réunie, le génie hors-pair de classe exceptionnelle de toute l’histoire de l’humanité dans « Nations Nègres et Cultures », attachait une importance capitale à nos langues nationales.

Quoique l’on puisse dire, de 60 à nos jours, l’enseignement est essentiellement tourné à l’extérieur. On apprend plus l’histoire de ceux qui nous oppriment. Une honte !

Une incongruité et une abdication totale de nos élites pacotille. Nous devons connaitre nos propres valeurs avant de connaitre celles des autres, disait Cheikh Anta Diop, qui fut la figure historique la plus emblématique de toute l’histoire africaine.
Pour perpétuer notre glorieux passé incontestable, nous devons réécrire notre propre histoire sur des bases voulues et sans demander l’avis de qui que ce soit.

Le ciment culturel de notre peuple reste le socle fondamental pour demeurer nous-mêmes. C’est un impératif, prioritaire. C’est une condition sine qua non. Pour tes ces raisons, nous devons nous atteler à cette tâche primordiale pour fixer notre passé historique.

Par Ahmadou Dip CPC

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