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Mbathio Ndiaye : « J’aurais pu mourir seule chez moi durant le couvre-feu…. »

Avec sa reconversion dans la musique, elle s’est comme offerte une seconde jeunesse. C’est une Mbathio Ndiaye très en vue qui est souvent sous les feux des projecteurs. Mais, depuis quelques mois, l’ex-danseuse avait préféré mettre la pédale douce. Au moment où elle s’apprêtait à revenir sur le devant de la scène, le Covid-19 l’a contrainte à geler ses activités, comme bon nombre de ses collègues artistes. Interview.

Actuellement le Sénégal, comme beaucoup de pays dans le monde, est en proie à une crise sanitaire sans précédents. Comment le vivez-vous ?

Je le vis comme tout le monde, un peu déstabilisée. Cette épidémie a pris tout le monde de court. A l’instar du Sénégal, d’autres pays sont touchés et chaque jour, les morts se comptent de plus en plus. Les scientifiques ont remué ciel et terre pour trouver un remède et jusqu’ici, je pense que ce remède n’a pas été trouvé. Il ne nous reste plus qu’à prier afin qu’un miracle se produise. Je crois que c’est le Bon Dieu qui a voulu que les choses se passent ainsi, alors croisons les doigts pour qu’Il éradique au plus vite cette pandémie de la surface de la terre. Je reste donc confiante quant à une issue heureuse. Toutes les activités sont à l’arrêt, plus rien ne marche. C’est vraiment dur pour tout le monde…

Le secteur des artistes dont vous faites partie a été contraint de geler ses activités. D’aucuns ont perdu des contrats, des tournées, reporté des spectacles ou des sorties d’album ou de single. Qu’en est-il de vous ?

Je rends grâce à Dieu avant toute chose. Je suis en très bonne santé et pour moi, c’est le plus important. Avant que l’épidémie ne se déclare sous nos cieux, j’étais en studio et j’avais enregistré deux singles qui devaient sortir dans le courant du mois d’Avril. Par la suite, j’ai entrepris la préparation de mes clips. Tout était fin prêt, les tenues et autres. Nous avions même fait répéter les danseuses et payer leurs déplacements des jours durant. Malheureusement, c’est tombé à l’eau et au moins 1 million de FCfa est parti en fumée. N’empêche, je ne me plains pas trop. Je suis une citoyenne comme tout bon musulman et lorsqu’une crise frappe notre pays, je me sens concernée au premier plan. C’est pourquoi, lorsque le président de la République a décrété l’Etat d’urgence et interdit toute forme de rassemblements, je me suis conformée aux mesures sans rechigner. En sachant que ça finira bien un jour et nous pourrons retourner à nos occupations. J’ai aussi mis en suspens beaucoup de tournées en Europe et dans la sous-région. C’est malheureux, mais nous sommes obligés d’accepter le coup du sort. Economiquement, aucun secteur n’est épargné.

Il faut dire qu’avant l’apparition du nouveau Coronavirus, vous vous étiez faites un peu discrète. Alors que d’habitude vous étiez très présente dans les médias et autres…

C’était un choix délibéré de ma part. J’ai préféré me mettre un peu en retrait de la scène, car je n’avais pas grand-chose à dire. J’attendais le moment opportun, comme la sortie de mes singles, pour pouvoir m’adresser aux médias et en faire la promotion. Toutefois, cela n’a pas pu se faire. Parallèlement, je mène aussi des activités commerciales. Je fais de la vaissellerie et accessoires en tout genre. Même si ce n’est pas moi qui gère directement les affaires, je m’implique de temps à autres à travers les réseaux sociaux. Sinon, j’ai une assistante personnelle qui se charge des ventes. Je suis contre le fait qu’on dise tout le temps que tel ou tel artiste est en retrait. Mais s’il n’a rien à dire, à quoi bon se mettre à parler dans les médias. En ce qui me concerne, j’ai choisi de bosser en silence dans mon coin, jusqu’à ce que tout soit opérationnel.

Même les shootings pour les stylistes vous avez tout mis en stand-by. Pourquoi ?

Là encore, c’est voulu. J’ai eu beaucoup de propositions avec le mois de ramadan et la Korité qui approche. Seulement, avec ce contexte d’épidémie, j’ai décliné toutes les offres. On n’est jamais trop prudent et il y a d’énormes risques d’attraper la maladie. Pour éviter tout ça, je préfère rester chez moi et limiter mes déplacements au strict minimum. Je veux bien gagner de l’argent, mais pas à n’importe quel prix.

Comment faites-vous pour vous en sortir financièrement, puisqu’il n’y a plus de spectacles ?

Je vous ai dit tantôt que je fais du commerce parallèlement à mon métier d’artiste. Je vends de la vaisselle partout. Je profite de cette occasion pour exhorter mes collègues artistes à ne pas seulement se suffire de leurs cachets. La pandémie du Coronavirus doit nous servir de leçon. Le secteur culturel est en berne, si les acteurs avaient un autre gagne-pain, ils auraient pu s’en sortir facilement. Pour ma part, même si c’est l’art qui me fait vivre, ce n’est pas ma seule activité. Heureusement d’ailleurs ! J’ai gardé le même train de vie, je continue d’aider ceux que j’aidais, rien n’a changé. Je reconnais que j’ai des bienfaiteurs qui m’aident beaucoup, mais j’ai aussi assez de ressources qui me permettent de tirer mon épingle du jeu. Les artistes devraient plus penser à demain. La plupart n’ont même pas de comptes bancaires et ne parviennent pas à épargner de l’argent. Ils vivent au jour le jour. J’espère qu’ils entendront d’une bonne oreille mes conseils…

Comment vivez-vous vos journées durant le Ramadan?

Le mois de Ramadan, pour nous autres artistes, est une période creuse. Cette année, le Ramadan a coïncidé avec le Coronavirus. Du coup, nos activités sont encore plus réduites. En général, mes journées commencent vers 13 heures, à mon réveil. Après la prière de 14 heures, je sors faire mes courses si j’en ai. Sinon, je ne sors pratiquement pas. Je mets à profit ces moments de ferveur, comme tous les Musulmans, pour me recueillir, demander pardon pour mes manquements. Nul n’est parfait. J’essais de suivre au mieux les recommandations prescrites durant ce mois. Je respecte les heures de prières. Le soir, je sacrifie au rituel du «Nafila».

Mbathio en bonne Sénégalaise concocte-t-elle des petits plats à l’heure de la rupture ?

Bien sûr ! J’adore le mois de Ramadan pour sa ferveur. J’aime bien aussi, à l’heure de la rupture, dresser ma table avec de jolies vaisselles et la garnir de mets succulents. J’ai toujours été comme ça.

Pour qui dressez-vous la table et préparez-vous ces festins ?

Ça ne regarde personne, c’est ma vie privée. Retenez juste que je mets les petits plats dans les grands…

Que faites-vous pendant le couvre-feu ?

Je me contente de regarder des séries, histoire de combattre la solitude. Après la rupture du jeûne, je suis devant la télé jusqu’à des heures tardives. C’est ma seule distraction. Le week-end, une de mes sœurs vient me tenir compagnie.

Avez-vous vécu une mésaventure durant cette période ?

Il m’est arrivé une nuit, vers 3 heures du matin, d’être en proie à de terribles maux de ventre. J’avais tellement mal que je ne savais plus où donner de la tête. Je ne pouvais pas attendre la fin du couvre-feu pour me rendre à l’hôpital. J’ai donc décidé de braver l’interdit. Il fallait que je sorte, car on ne sait jamais, j’aurais pu mourir seule chez moi. Malgré ma douleur, j’ai conduit ma voiture. En cours de route, j’ai été interpellée par des policiers. Ils m’ont demandé où j’allais, je leur ai dit que j’étais malade et que je me rendais au Samu Municipal. L’un d’eux m’a alors accompagnée, pour s’assurer que je disais vrai. À mon arrivée, on m’a prise en charge et j’ai été perfusée jusqu’à 6h du matin. Je ne pouvais appeler personne pour venir à mon chevet à cause du couvre-feu.

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