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Coronavirus en Seine-Saint-Denis. Elle est tasée et frappée pour ne pas avoir montré son attestation

Lors d’un contrôle de son attestation de sortie à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) Ramatoulaye B. est brutalisée par la police. Des violences qui entraînent cinq jours d’ITT.

« J’étais juste sortie faire des courses pour nourrir mon bébé ». Cette phrase Ramatoulaye B., 19 ans, la répète de façon lancinante. Jeudi 19 mars 2020, il est dans les environs de 16 h lorsqu’elle sort faire des courses près de son domicile à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Cinq jours d’ITT
Sur le chemin du retour, alors qu’elle ne se trouve plus qu’à quelques mètres de chez elle, une patrouille de police décide de contrôler son attestation de dérogation de sortie, dans le cadre du confinement lié à la propagation du coronavirus Covid-19.

A la suite de ce contrôle musclé, la jeune femme se voit prescrire cinq jours d’incapacité temporaire totale (ITT). Quatre jours après les faits, la colère est toujours là.

Je veux témoigner parce que ce qui m’est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui et ce n’est pas juste ! »

Le cas de Ramatoulaye B. ne semble pas isolé. Depuis la mise en place des mesures de confinement, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux comme ici, là ou encore là, ont dénoncé des contrôles policiers musclés, notamment dans les quartiers populaires. Contactée, la préfecture de police n’a pas répondu à nos sollicitations.

Sortie faire des courses
Ce jour jeudi là, Ramatoulaye B. était sortie faire des courses pour son fils, un nourrisson âgé de seulement quelques mois.« Il n’y avait plus rien à manger pour lui, il fallait absolument que je sorte ! », se justifie-t-elle. Elle se rend donc au magasin le plus proche, accompagnée de son petit frère de sept ans. De retour rue Lopez Jules et Martin, le caddie chargé de courses, ils croisent une patrouille de police qui leur demande leur attestation de sortie.

Sauf que cette attestation, Ramatoulaye B. ne l’a pas imprimée. « J’avais mon attestation écrite. Je devais passer au taxiphone pour l’imprimer mais il était fermé. Un autre policier, que j’avais croisé plus tôt, m’avait affirmé que l’attestation manuscrite était suffisante », raconte-t-elle, toujours dépassée.

« Ils m’insultent devant mon petit frère »
Très vite, le ton monte entre les policiers et la jeune femme, qui selon elle, n’a pas le temps de s’expliquer. « Tout de suite, ils se mettent à m’insulter devant mon petit frère », relate-t-elle. Selon la jeune femme, des insultes fusent. « Sale pute » et « pétasse », sont lancés de la part des policiers.

Face à la situation, elle admet alors perdre son sang-froid. « Je ne comprenais pas comment on en était arrivé là. J’étais juste sortie faire des courses », rappelle celle qui, aujourd’hui encore, n’a toujours pas compris ce qu’elle avait fait de mal.

Un coup de taser à la poitrine
Ramatoulaye B. est alors seule, face à huit policiers, dont deux qui s’occupent de son petit frère, pris à part. Alors qu’elle ne semble démontrer aucune violence à leur encontre, elle reçoit un coup de taser à la poitrine.

https://twitter.com/s_assbague/status/1240784884559417347

Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le cri de la jeune femme déchire le silence au moment de l’impact. Elle est ensuite plaquée au sol par un autre policier avant d’être embarquée dans le fourgon de police.

Sauf que pour Ramatoulaye B., les coups ne s’arrêtent pas là. « Dans le camion, ils ont continué à me donner, cette fois-ci, des coups de pieds en me disant que j’étais « une petite merde » ». Arrivée au commissariat, elle passera une heure en cellule avant d’être relâchée.

Je ne sais même pas pour quel motif j’ai été arrêtée !

Trauma à l’épaule, au poignet et des hématomes
A sa sortie du commissariat, la jeune femme décide de se rendre chez le médecin pour faire constater ses blessures. Sur le certificat qu‘Actu Seine-Saint-Denis a pu consulter, il est stipulé que « l’examen médical met en évidence un trauma épaule gauche et poignet droit, des hématomes et des douleurs de la cuisse gauche » dans le cadre de « coups et blessures volontaires« . Un état qui, selon le médecin, nécessite cinq jours d’ITT.

Quatre jours après, Ramatoulaye confie avoir « des difficultés à dormir la nuit » suite à ces événements. Son petit frère, qui a assisté à la scène, est selon, elle, « traumatisé ». Ce lundi, elle souhaitait déposer plainte au commissariat de police. « Mais on m’a dit qu’avec le coronavirus, tout se faisait ligne ».

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