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VIDEO – ABBÉ JACQUES SECK : « ON NE CONSTRUIT PAS UN PAYS DANS LA CONFRONTATION »

L’abbé Jacques Seck refuse la division au nom de la religion. L’abbé le plus proche des chefs religieux musulman au Sénégal ne veut pas entendre parler d’une quelconque fracture à cause de la religion. Dans cet entretien, il revient avec quelques anecdotes croustillantes, sur l’intérêt que les musulmans et les chrétiens ont à mettre en avant ce qui a fait la force du pays jusqu’ici. Il révèle également les relations particulières avec des musulmans au sein même de sa famille, tout comme les rapports qu’il a avec les autres guides religieux.


LA SORTIE DU KHALIFE DES TIDIANES SUR L’AFFAIRE ISJA

« Cet excellent homme de Dieu, j’ai eu l’honneur de le fréquenter chaque année que j’allais à Tivaouane. À ce niveau là de responsabilité, ils ont tellement de conseillers qu’il leur est impossible de faire quelque chose qui nuise les Sénégalais. Donc par la maturité personnelle et les conseillers qu’ils ont à côté d’eux, tout ce qu’ils disent, c’est dans le sens de renforcer la paix. Moi-même qui ne suis pas à ce niveau social, avant de dire quelque chose, je me demande : « Qu’est ce ça va produire dans le pays ? » Si ça doit construire, on y va. Si ça doit mettre un seul Sénégalais contre moi, je m’abstiens. Donc, les khalife généraux, les évêques sénégalais sont là pour permettre au pays de rayonner parmi les meilleurs pays d’Afrique. »

COHABITATION DANS LES ÉCOLES PRIVÉES CONFESSIONNELLES

« Je me rappelle un jour à Tivaouane, il y avait une longue file pour aller chez le marabout, quand les gens m’ont vu arriver, ils ont rompu les rangs et les enfants venaient tous me saluer. Mon « fils » qui m’accompagnait me dit : « Mais Papa l’Abbé, c’est quoi ça ? » Je lui dis : « Tu es témoin de ce qui arrive. Ces gens me connaissent tous et ils veulent me saluer. » C’est comme ça le Sénégal. Et si nous prenons l’école de la Cathédrale là, dans cette école catholique, 75% des élèves sont des musulmans. Si vous allez à l’école de Joal où j’ai été éduqué, il y a aussi 75% de musulmans. Je pensais ce matin à Fally Ngong, un musulman avec qui j’ai fais les bancs à Joal. Quand il a entendu tout ce bruit, il me dit : « Mais c’est quoi ça ? Moi, Fally Ndongo, j’ai quitté mon village pour aller à Joal, avec l’Abbé Jaques (Seck), on a fait les mêmes bancs. On peut pas nous diviser. Ce n’est pas possible ». »

AUX DÉMONS DE LA DIVISION QUI GUETTENT

« S’il y a un problème humain qui arrive, on va le gérer de manière humaine. Si maintenant, ce sont de petits détails pour essayer d’allumer le pays, là on comprend vite que c’est Satan qui est derrière certaines personnes, même si tu nous gifle on ne réagit pas. Parce que l’on ne construit pays un pays dans l’opposition dans la confrontation. Le Sénégal étant ce qu’il est, je ne dis pas que ça ne va pas arriver, mais ça sera très difficile de les diviser. Moi qui vous parle, chaque année, depuis une vingtaine d’années, je vais à Touba et à Tivaouane. Finalement, les gens disent : Abbé tu fais partie de nous. Je réponds toujours : « Effectivement ».

On ne doit pas nous diviser. Parce que Dieu est Un. Les chemins sont différents mais nous allons tous à lui. Refusons que l’on nous divise. Moi qui vous parle, le premier imam de mon village, Babacar Ndour, a épousé ma grande sœur, de même père et de la même mère. À cause de ceci, en 1954, mon papa qui n’était ni musulman ni chrétien, il s’est converti en musulman à cause de ce mariage ma sœur. Autre chose aussi, avant-hier, j’ai appelé mon neveu Demba Seck, qui est à Palmarin. En 1974, j’avais entendu qu’il voulait partir en Casamance étudier le Coran. J’ai dis, non ce n’est pas sérieux, ce n’est pas en Casamance qu’il faut aller. Je l’ai fait revenir et je l’ai conduit au Port de Dakar. Je l’ai mis dans le bateau qui partait pour Maroc. Il a fait Maroc et la Tunisie. Et en Tunisie, il avait fait de haute études théologiques. Quand il était rentré au pays, je l’ai amené à Hann Mariste, où il a été professeur de linguistique et d’arabe. Maintenant, il est le seul imam du pays à avoir une retraite bien douce. Il est à Palmarin. Et les gens disent que c’est grâce à son papa, Abbé Jaques, qu’il a réussi ses études. »

14/09/1997 – 14/09/2019 : QUEL SOUVENIR GARDER DE « DABAKH » ?

« Dabakh était une pièce centrale de gauche, de droite, du nord au sud. Il attire les gens à lui. Et vous ne le verrez jamais, ni lui ni les autres religieux, sortir une phrase qui va diviser les confréries. À ce niveau de responsabilité, ils font ce que j’essaie de faire : unir à tout prix. Si je sais que cette phrase peut diviser le Sénégal, elle ne va pas sortir de ma bouche. Parce ce que, au niveau où Dieu m’a mis, si je ne peux pas unir les gens, que je ne sois pas une source de malédiction pour eux. Lorsque « Junior (Serigne Abdoul Aziz Sy al Amine) était là, il aimait rappeler aux disciples que je fais partie de la famille. Parce que tout simplement ma sœur avait épousé l’imam du village. À chaque fois je vais à Tivaouane, Ouztaz Ndour vient me chercher et nous faisons le tour des différentes familles. Ce sont des relations qui sont les nôtres et nous faisons tout pour les préserver. »

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